Sur un territoire, certaines activités sont d’abord dédiées à satisfaire les besoins des consommateurs qui vivent à proximité, quand d’autres sont régies par une demande plus lointaine, qu’elle soit nationale ou internationale. Les activités dites de proximité, qui concourent principalement à satisfaire les besoins quotidiens de la population présente, génèrent en Bourgogne-Franche-Comté plus de 650 000 emplois, soit 61 % de l’emploi total. Comme en province, le maintien de ces activités de première nécessité dépend surtout de l’évolution de la population. Elles sont restées stables dans la région.

D’autres activités sont liées à la demande locale, mais répondent à des besoins plus occasionnels. Elles représentent 19 % de l’emploi total. Depuis la crise économique de 2008, elles ont été davantage fragilisées. Enfin, 20 % de l’emploi régional restant dépend essentiellement de la demande extérieure. C’est plus qu’ailleurs en province et s’explique par la surreprésentation de l’industrie dans la région. La dépendance de l’emploi, et donc de l’appareil productif à cette demande extérieure, est très variable. Elle est particulièrement marquée dans certaines intercommunalités situées en deuxième couronne comme Selongey ou Valdahon.
Mélanie Chassard (Insee)
Entre 2008 et 2016, l’emploi a reculé en Bourgogne-Franche-Comté de l’ordre de – 0,5 % par an, correspondant à 48 000 emplois de moins en 8 ans. Après les épisodes sanitaires sans précédent que le monde vient de connaître, la conjoncture nationale et internationale n’a jamais été aussi incertaine. Les prévisions de croissance sont en berne, et en Bourgogne-Franche-Comté, comme dans les autres régions, l’emploi pourrait encore reculer. Dans ce contexte, mieux connaître la nature des emplois qui participent à la richesse de la région, et savoir de quoi ces emplois dépendent, revêt un enjeu d’autant plus important. En effet, certains emplois dépendent principalement de la demande locale exprimée par les consommateurs de la zone, et sont ainsi fortement liés aux évolutions démographiques. D’autres dépendent plutôt de la demande extérieure, donc de l’activité économique nationale voire internationale. Ainsi, selon que l’appareil productif d’un territoire dépend davantage de l’une ou l’autre demande, les enjeux pour maintenir ses emplois ne seront pas les mêmes. Globalement dans la région, le nombre total d’emplois par habitant se situe au même niveau que la moyenne de province (38 pour 100 habitants) ; cependant des différences apparaissent selon que les emplois dépendent de le demande locale ou extérieure.

Besoins courants de la population : 23 emplois nécessaires pour 100 habitants
Les emplois dits de proximité sont liés à la demande locale (méthodes groupe 1). Avec près de 650 700 emplois, ils représentent ainsi 61 % de l’emploi total de la région en 2016. Ils répondent aux besoins courants, voire quotidiens, de la population et sont localisés près des consommateurs. Les principales activités concernées relèvent du commerce (boulangerie, hypermarchés, restauration… ), des services (salons de coiffure, activité des agences d’intérim, services de nettoyage… ). L’action sociale, de même que l’action publique sont très présentes également, en particulier l’enseignement primaire et secondaire, l’accueil de jeunes enfants, l’hébergement pour personnes âgées (figure 2).

Le nombre d’emplois dits de proximité par habitant (23,1 emplois pour 100 habitants en Bourgogne-Franche-Comté) varie peu selon les régions. Il est malgré tout un peu plus élevé en Île-de-France, en Provence Alpes-Côte d’Azur et en Nouvelle-Aquitaine, régions dans lesquelles ces emplois répondent également aux besoins des touristes (figure 1). Le nombre d’emplois par habitant est le même dans la région qu’en moyenne en province, également dans chaque sous-secteur des emplois dits de proximité. Ainsi, pour 100 habitants, la région compte 3,4 emplois dans le commerce, 3,2 emplois dans l’administration publique, 2,8 emplois dans les activités pour la santé humaine, comme ailleurs.

Le nombre d’emplois dit de proximité a peu évolué entre 2008 et 2016
Le nombre d’emplois dit de proximité d’un territoire dépend ainsi directement de la présence des habitants, qu’ils soient résidents ou de pas sage. Au niveau régional, la population a très peu progressé entre 2008 et 2016 (+ 0,07 % par an), ce qui explique la quasi-stabilité du nombre d’emplois dit de proximité sur la même période (- 0,05 % par an). Cette très légère baisse est imputable en partie au nombre croissant de navetteurs qui vivent aux franges de la région et qui travaillent et consomment davantage en dehors de la région, et près de leur lieu de travail. Dans les autres régions, l’emploi dit de proximité a augmenté. Mais comme en Bourgogne-Franche-Comté, cette dynamique a été très largement comparable à celle de la population.
Ainsi, les emplois dits de proximité, contrai rement au reste des emplois, n’ont pas ou très peu été impactés par la crise économique qu’a connue la France à partir de 2008. Le ratio par habitant est resté le même au cours de la période 2008-2016. Les évolutions démo graphiques récentes montrent cependant que la population régionale diminue et que cette tendance devrait se prolonger sur le long terme en raison notamment du vieillissement de la population. Les habitudes de consommation courantes de la population ont depuis peu été bouleversées par le contexte sanitaire de l’an née 2020 et les citoyens aspirent à consommer mieux et de manière plus durable. Ces deux facteurs peuvent, à très court terme, être susceptibles de perturber l’évolution des emplois dits de proximité dans la région comme dans le reste de l’hexagone.
208 300 emplois pour les services dont l’usage est moins fréquent
Aux emplois dits de proximité s’ajoutent les emplois liés aux besoins moins courants des consommateurs locaux. Les activités liées à ces besoins dépendent également davantage de la demande locale que de la demande extérieure (méthode groupe 2). Ces activités génèrent 208 300 emplois en Bourgogne Franche-Comté, soit 19 % de l’emploi total. Les activités de services telles que l’hôtellerie, le commerce de détail de la papeterie, du livre, d’équipements informatiques, y sont surreprésentées, au même titre que les activités créatives, artistiques et de spectacle, l’enseignement supérieur, les activités liées à l’architecture, à la comptabilité, ou encore au transport ferroviaire et urbain. Les emplois correspondants sont surtout l’apanage des plus grandes villes et ont tendance à se concentrer, au plan national comme régional, dans les métropoles.
Depuis 2008, ces activités ont été plus fragilisées. Les emplois associés ont en effet diminué de 0,5 % par an entre 2008 et 2016 en Bourgogne-Franche-Comté, malgré une démographie stable. Ces activités qui dépendent aussi de la demande locale ont pu être soumises à des arbitrages budgétaires, en raison entre autres des variations de niveau de vie des ménages. En effet, contrairement aux services et équipements de proximité, ces activités sont davantage liées aux loisirs et confort matériel. Elles sont moins indispensables dans la vie quotidienne des ménages et donc plus facilement restreintes en cas d’incertitude économique.
Les emplois exposés à la demande extérieure plus présents en Bourgogne Franche-Comté
Les autres activités présentes sur le territoire national dépendent bien plus de la demande extérieure. La région compte ainsi 216 500 emplois dont l’activité est liée à la demande extérieure, soit 20 % de son emploi total. Ces activités qualifiées d’exposées (méthode groupes 3 et 4) sont les plus dépendantes du contexte économique. Elles sont sensibles aux variations de la demande nationale et mondiale, mais aussi à la concurrence des autres producteurs. Puisqu’elles ne répondent pas à une demande de consommation locale, elles sont susceptibles de s’exercer ailleurs, dans d’autres régions, voire dans d’autres pays. En Bourgogne-Franche-Comté, l’emploi dans les activités exposées est en proportion plus présent qu’ailleurs : 1,5 point de plus qu’en province. Ces emplois relèvent souvent des secteurs industriels ou agricoles, mais le commerce de gros, de même que certaines branches des services sont également concernés.
Les activités dites exposées les plus fréquentes, réparties sur l’ensemble du territoire national, sont l’élevage de bovins, de volailles, la culture céréalière, la production d’électricité, la fabrication d’emballage et produits plastiques, l’industrie pharmaceutique, le travail du bois, l’industrie du cuir, le commerce de gros de fruits et de légumes, la fabrication de vêtement, les services de la défense, la recherche-développement scientifique.
Ensemble, ces activités rassemblent en Bourgogne-Franche-Comté 140 100 emplois en 2016 et ont connu un déclin marqué depuis 2008. Ces emplois ont en effet reculé de 1,6 % par an entre 2008 et 2016.
Automobile, viticulture, production de fromage, des activités emblématiques de la région
Parmi les activités dites exposées à la demande extérieure, certaines sont plus rares et sont souvent emblématiques des emplois d’un territoire. Ces activités rassemblent 76 400 emplois en Bourgogne-Franche-Comté. Parmi elles, la construction de véhicules automobiles, la métallurgie, l’horlogerie, la culture de la vigne, la production de fromage, de condiments, en sont sans doute les exemples les plus illustratifs de la région (figure 3).

C’est dans ces activités que l’emploi a le plus diminué dans la région entre 2008 et 2016 (- 2,6 % par an). Et cette baisse est plus marquée qu’en moyenne en province (- 2,1 % par an). Leur présence sur un territoire dépend de différents paramètres. En effet, les ressources naturelles ont permis le développe ment des activités viticoles. L’essor d’une activité peut aussi tenir à l’histoire et aux savoir-faire locaux, comme les activités industrielles de niche, de l’horlogerie et de la lunetterie, implantées de longue date en Bourgogne-Franche-Comté.
Dans les grandes agglomérations, l’emploi dépend surtout de la demande locale..
Au sein de la région, selon les intercommunalités, le poids des activités liées à la demande locale et celui lié à la demande extérieure sont très variables et exposent différemment chaque territoire au contexte économique et démographique (figure 4).

Dans les grandes intercommunalités de Besançon, Nevers, Mâcon, Dijon, Pontarlier, Auxerre, Lons-le-Saunier et Vesoul, les emplois sont davantage dépendants de la demande émise localement. Les emplois dits de proximité y sont très présents, supérieurs ou égaux à 30 emplois pour 100 habitants. Les activités dédiées aux besoins plus occasionnels de la population s’y concentrent également. Dans ces grands pôles d’emplois, les activités de proximité comme celles plus occasionnelles, permettent de satisfaire les besoins des habitants, mais également ceux des personnes de passage, qui viennent y travailler quotidiennement. Le développement des emplois dits de proximité dans ces grandes villes se fait au détriment des intercommunalités plus résidentielles qui les entourent. Ainsi à Arc-sur-Tille, Genlis, Brazey-en-Plaine autour de Dijon, à Marnay, Fraisans, Ornans, près de Besançon ou encore à Héricourt sous l’influence de Belfort et Montbéliard, le nombre d’emplois dits de proximité par habitants est deux fois moins élevé. Dans ces territoires, c’est davantage la dépendance vis-à-vis de la demande extérieure, quand l’emploi industriel ou agricole y est développé, qui est plus marquée
De nombreux territoires moins peuplés exposés à la demande extérieure
L’emploi exposé est plus présent en moyenne dans la région. Ainsi, parmi les 119 intercommunalités, le poids des emplois exposés est élevé, supérieur à 28 % pour 21 d’entre elles, comme Ornans, Nuits-Saint-Georges ou Saint-Amour. Il est plus élevé encore, supé rieur à 35 %, pour 12 autres. Sont notamment concernées les intercommunalités situées en deuxième couronne de grandes agglomérations, dont l’appareil productif est très spécialisé, pour peu d’emplois dits de proximité. Ainsi, à Selongey, Valdahon, Saint-Florentin et Moirans-en-Montagne, l’emploi exposé représente plus de 40 % de l’emploi total. À l’inverse, le niveau d’emplois dits de proximité y est relativement faible et avoisine 15 emplois pour 100 habitants, contre 23 en moyenne régionale.
Enfin, certains territoires présentent une double exposition, à savoir une certaine dépendance à la demande locale et une dépendance, souvent un peu plus marquée à la demande extérieure. Les intercommunalités davantage isolées, loin de l’influence des grands pôles d’emplois sont les plus concernées. L’économie locale y est plus autocentrée et le nombre d’emplois dits de proximité proche de la valeur régionale, car les besoins quotidiens des consommateurs sont satisfaits localement. Parallèlement, l’appareil productif de ces territoires est tourné vers l’industrie ou l’agriculture. C’est notamment le cas des intercommunalités de Luxeuil, de Gray, de Montbéliard, de Poligny, de Beaune ou encore de Montbard. Ces zones sont à la fois des pôles d’équipement de proximité pour leurs habitants et ceux des territoires voisins et des pôles d’emplois très spécialisés. Se positionner sur des activités rares et tournées vers l’extérieur, notamment en termes de qualification des emplois, peut être une vraie opportunité, et l’ouverture vers des marchés extérieurs est aussi une source de richesse. ■
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Rédactrice en chef : Marie Léger Mise en page : STDI Crédits photos : CRT, L. Cheviet ISSN : 2497-4455
Dépôt légal : octobre 2020 © Insee 2020
Pour en savoir plus
• P. Frocrain et P. Giraud, « L’évolution de l’emploi dans les secteurs exposés et abrités en France », Économie et statistiques N° 503-504, 2018.
• M. Chassard, « Petites villes de Bourgogne-Franche-Comté : un passé démographique et industriel qui contribue au déficit de croissance », Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté n° 38, juillet 2018.